Attention danger : le mec de Hongdae, ce bad boy qu'on ne veut pas croiser
Il est en train de devenir un phénomène sur TikTok (et le reste) : Le Hongdae Boy est la nouvelle fascination d'Internet. Essayons de comprendre ensemble pourquoi il est problématique.
Si vous traînez un peu sur le net et que vous avez une appétence pour la Corée du Sud, vous êtes sûrement tombé sur ces vidéos qui mettent en scène les “Hongdae boys”. Très caricaturales, elles font le portrait de mecs très sûrs d’eux, plutôt entreprenants et toujours habillés d’une veste en cuir. Si j’ai brièvement évoqué le sujet dans la newsletter sur les Koreaboos, il me paraissait essentiel d’approfondir le sujet… Parce que ce n’est pas qu’une histoire de mecs un peu crados qui ont décidé de profiter de la hype de la Corée du Sud, ils peuvent également se transformer en prédateurs sexuels qui profitent de la naïveté des jeunes filles.
La popularisation des K-Dramas et de la K-Pop a eu un double effet : grâce à ça, les gens savent placer la Corée du Sud sur une map monde… Mais ça a aussi créé une armée de jeunes delulu (delusional), qui sont persuadées que les hommes coréens ressemblent tous à Park Seo Joon et qu’ils sont des gentlemen convaincus.
Spoiler, c’est faux.
Naissance (pas très glorieuse) du Hongdae Boy
Gardez bien ça en tête : les hommes coréens sont de gros dragueurs. Le couple étant une institution au pays du matin calme, la dating culture du pays répond à des normes très précises, bien loin de nos standards français. Particulièrement à Hongdae, les jeunes Coréens savent que c’est l’endroit parfait pour trouver des coups d’un soir… Et éventuellement une relation à long terme. Mais ne vous laissez avoir, le nombre astronomique de motel dans le quartier est assez équivoque : on va dans les boîtes de Hongdae pour se faire plaisir et trouver un partenaire “open minded”.
Historiquement, le quartier est le repère des cultures underground. C’est à Hongdae que l’on a vu apparaître les premiers “hunting pocha”, qui sont des bars où les célibataires vont dans l’espoir de faire des rencontres. Traditionnellement, ce sont les hommes qui vont de tables en tables pour aller parler aux jeunes femmes. Si ça match, tant mieux, si c’est un non, ils passent à la table d’après. C’est une sorte de Tinder IRL, qui s’est petit à petit ouvert aux étrangers (souvent étudiants à Séoul) et c’est ça qui a déclenché le phénomène du Hongdae boy. Ces mecs n’avaient plus la côte auprès des coréennes, car jugés trop entreprenants et coureurs de jupons, donc il se sont rabattus sur les étrangères avec un mode opératoire parfaitement huilé.
Comment repérer un Hongdae Boy ?
C’est plutôt facile de repérer les “mecs de Hongdae” à Séoul. Premier indice : ils sont à Hongdae (CQFD) et traînent toute la journée dans le quartier.
La créatrice de contenus Meylouuu, elle aussi passionnée de culture coréenne, décrit parfaitement le sociostyle de ces fuckboys coréens. Selon son expérience, ce sont des hommes toujours habillés de la même façon : un t-shirt, un jean, des Doc Martens (ou rangers militaires), une veste en cuir et généralement des tatouages. Dans leur comportement, ils sont particulièrement mielleux quand ils abordent les femmes et osent le “si je t’ai dans ma vie, j’ai le monde entier”. Rapidement, la conversation va être aiguillée vers quelque chose de plus “intime”. Le fuckboy veut savoir si on est “open minded”, si l’on vit seule et si l’on apprécie les hommes coréens. Les plus vintages proposent ensuite d’aller “manger des ramens” (comprenez jouer à la bête à deux dos) et les jeunes préfèrent proposer “venir voir le chat à la maison” dans un sous-entendu plus suggestif.
Si la jeune femme accepte, elle aura droit à une nuit pas franchement folle, sans protection (les IST sont souvent minimisées chez certains Coréens) et elle n’aura plus jamais de nouvelles du monsieur le lendemain. Dans la version trash du scénario, le jeune femme peut aussi être filmée à son insu et les vidéos peuvent être postées sur Internet pour “valider” le tableau de chasse du fuckboy. On nage dans le romantisme absolu et on comprend pourquoi les Coréennes ne veulent plus approcher de ces mecs là.
Les Hongdae boys, reflet d’une misogynie bien ancrée
Si les habitués des voyages en Corée et les étudiantes connaissaient déjà les Hongdae boys, Sean Solo les a exposé au monde entier, évitant peut-être à de nombreuses jeunes femmes de se faire piéger. Ce qui à la base n’était qu’une blague est finalement devenu le meilleur moyen de faire de la prévention en ligne.
Même Duolingo s’y est mit et propose aujourd’hui d’apprendre le “vocabulaire des Hongdae boy” aux utilisateurs de l’application. Pour pratiquer le coréen, mais surtout pour repérer les mecs malintentionnés.



Au-delà même des blagues, c’est une façon assez subtile de mettre en évidence les stéréotypes de genre, profondément intégrés à la société coréenne. Ce genre de comportements masculins est directement lié à une perception négative des femmes : elles sont du consommable, alors autant en profiter. Pire, ces comportements traduisent également une certaines forme de racisme : il paraît évident pour eux que les étrangères sont plus “faciles” et moins méfiantes que les coréennes.
Plus globalement, les comportements problématiques de ces mecs sont l’expression même du déséquilibre des genres en Corée. Sous le vernis de la pop-culture, il y a de profondes inégalités contre lesquelles les femmes se battent. Ces dernières années, beaucoup ont essayé d’alerter sur les questions de harcèlement, de deepfake et de violences sexuelles, mais les sujets ne sont jamais réellement pris au sérieux par les institutions publiques. La preuve étant, le précédent président Yoon Suk-yeol, avait fait du '“retour de la masculinité” l’une de ses priorités politique. Sous son impulsion, l’affaire du #MeToo sud-coréen avait été classée sans suite, ça témoigne de l’indifférence de la justice concernant la sécurité des femmes. Résultat, elles ont lancé le 4B movement (qui consiste à ne plus relationner avec les hommes), mais on en parlera dans une newsletter dédiée.
Le fait que les mecs de Hongdae pullulent dans le quartier, visant en priorité les étrangères, n’est de plus que l’expression d’un comportement de prédateur, plus ou moins conscientisé : les femmes coréennes ne veulent plus d’eux parce qu’ils sont trop problématiques, alors ils s’attaquent aux étrangères un peu naïves.
Une fois n’est pas coutume, on est sur une Corée à deux vitesses : il y a le pays de la technologie, qui va toujours plus vite, toujours plus loin… Et il y a la réalité : un pays où il n’y fait pas toujours bon vivre, surtout quand on est une femme.
Moi aussi, je connais des mecs de Hongdae
J’ai moi-même déjà croisé un ou deux mecs de Hongdae dans ma vie. Un de mes potes en est l’archétype : il a des tatouages partout, est un ancien rappeur et s’habille toujours en noir. Mais c’est une version mignonne du mec de Hongdae : il vient d’une très bonne famille et dans le fond, c’est un petit cœur mou, mais qui sait parfaitement quoi dire aux nanas pour les faire fondre (il vit d’ailleurs à Paris parce qu’il a suivi l’une de ses anciennes copines).
L’autre Hongdae boy que j’ai croisé… C’est le premier homme qui m’a un jour invité au resto (comme quoi). C’était lors de mon premier voyage en Corée et le contexte était un peu différent à l’époque : il n’y avait pas autant de tourisme de masse et la K-Pop n’était pas encore un truc huge. Il m’a accosté en pleine journée avec la pire phrase d’accroche possible : “Oh mon dieu, tu as de grands yeux” (alors qu’en vrai, pas vraiment). Une chose en entraînant une autre, on s’est donné rendez-vous le lendemain pour manger un bout. On a discuté, il m’a montré sa librairie préférée… Et a posté une photo de moi en story (en cachant mon visage). À la fin de la journée, il m’a fait un câlin et ne m’a jamais réécrit. Son seul objectif, c’était de montrer à ses potes qu’il avait passé la journée avec une blanche (c’est trivial, mais c’est la vérité)… Pourquoi ? Parce que les Coréens ont autant une fascination pour les Occidentaux que nous pour eux… Et que pour certains, c’est une forme de marqueur social que de fréquenter des étrangères.
Aussi, il n’a peut-être rien tenté parce qu’il s’est sûrement rendu compte que je n’étais peut-être pas aussi crédule qu’il le pensait, donc à quoi bon se batailler, vu qu’il est facile d’en trouver une autre.
J’ai eu de la chance, ma brève rencontre avec un Hongdae boy s’est plutôt bien terminée (en tout bien, tout honneur), mais ce n’est malheureusement pas toujours le cas. C’est pour ça qu’il faut continuer à partager les contenus qui parlent de ce phénomène (articles, vidéos, posts sur les réseaux sociaux)… C’est la meilleure façon de faire de la prévention auprès de toutes celles qui mettent les pieds en Corée. Parce qu’au fond, ce n’est pas juste une histoire de mecs relous à éviter, c’est surtout une question de sécurité féminine et c’est tout ce qui compte.
Si vous aussi, vous avez déjà croisé un “Hongdae boy”, n’hésitez pas à raconter votre expérience en commentaire.
Je découvre ce phénomène (ces phénomènes). Merci pour cet article et la prévention !
Pfiou c’est dur à lire mais utile pour ne pas tomber dans le piège. Merci Juliette