Vous avez déjà écouté de la K-Pop et vous ne le savez même pas
Croyez-le ou non, mais la K-Pop n'est pas réservée qu'aux adolescentes en chaleur, qui hurlent pendant les concerts. La preuve, vous avez déjà entendu de la K-Pop et vous ne le savez pas.
Pour beaucoup, la K-Pop, c’est un genre musical réservé aux ados, et c’est tout. En réalité – vous vous en doutez – c’est bien plus que ça. Croyez-le ou non, mais vous avez déjà entendu de la K-Pop sans même le savoir… Parce que la K-Pop, ça ne date pas d’hier. C’est un mouvement musical qui a commencé au début des années 90 et qui s’est petit à petit diffusé dans le monde entier. Ça fait en quasiment 35 ans (1992) que le genre évolue et propose des nouveautés à chaque vague, séduisant toujours plus de curieux.
En Occident, les premiers à avoir percé sont Big Bang et Wonder Girls (en 2009), Mmis ces groupes étaient surtout appréciés par les amoureux des cultures asiatiques. Celui qui a vraiment fait exploser la K-Pop, c’est évidemment PSY avec son Gangnam Style (2012). En quelques mois, c’est la consécration et le monde entier se met à danser en baragouinant du coréen.
Malgré le succès, cette chanson va donner une vision un poil erronée de la K-Pop au monde entier : à cause de l’aspect humoristique du clip, on ne prend pas le genre au sérieux et on n’arrive pas réellement à savoir si PSY est un chanteur respecté ou un humoriste qui sait pousser la chansonnette. (Spoiler : PSY, c’est une énorme star en Corée et j’invite n’importe qui à le voir en concert un jour).
C’est sûrement pour cette raison que plein de gens ne savent pas qu’ils ont déjà écouté de la pop coréenne… Que ce soit pendant les JO de PyeongChang en 2018 ou simplement en regardant la télé entre 2010 et 2020. Depuis l’arrivée de TikTok, c’est encore plus vrai. Il y a énormément de trends qui utilisent de la K-Pop et personne ne le sait. C’est donc le moment de rétablir la vérité et de rendre à G Dragon1 ce qui est à G Dragon.
La K-Pop, un genre musical pas comme les autres ?
Qu’est-ce qu’on entend par K-Pop ? Ce n’est ni plus, ni moins que de la pop coréenne (sans blague). Comme absolument tout en Corée, c’est un système bien rodé. Des enfants bourrés de talents sont castés dans tout le pays et les labels les entraînent avec acharnement pour de créer des groupes marketés de A à Z. Pour la spontanéité, on repassera. Tout est pensé pour séduire le public : les boys bands visent un public féminin et les girls bands un public masculin. Il y a toujours la même typologie de membres : des visuals (loués pour leur physique), des rappeurs, des vocalistes, des danseurs et (généralement) un leader. Certains membres peuvent avoir plusieurs casquettes : J-Hope de BTS par exemple, est rappeur ET danseur. Tout ce petit monde évolue dans une esthétique léchée, avec des eras pour chaque album (oui, Taylor Swift n’a rien inventé).
Pour ce qui est de la musique, c’est un savant mélange de pop, rap, techno… Et finalement un peu tout ce qui se fait en matière de son. Il y a quatre grands labels en Corée (Hybe, JYP, SM, YG), qui ont poussé la notion “d’industrie” à son paroxysme. Il n’ont rien inventé, sauf une stratégie markéting pour rendre les fans complètement addicts. Ils (les labels) ne révolutionnent pas la musique, mais ils ont l’avantage de tout faire mieux que tout le monde : la prod, les clips, l’esthétique, les concerts… Tous les curseurs sont poussés à 200% pour offrir des performances exceptionnelles, si bien que les fans n’ont pas d’autre choix que d'être subjugués.
2NE1, BTS, Blackpink, Big Bang, Girls Generation, Fifty Fifty… Vous connaissez ces groupes sans même le savoir.
Avant d’être dans le Billboard Hot 100, ces groupes ont connu leur heure de gloire soit à la télévision, soit sur TikTok.
2NE1 par exemple (qui était à Coachella en 2022), a cédé une de ses musiques pour une publicité Microsoft en 2014… Et vous l’avez forcément entendue.
Quant à BTS, s’ils font partie des premiers à avoir popularisé le Harlem Shake en ligne (et ouais) ils sont surtout les égéries de nombreuses marques : Samsung évidemment, mais aussi Coca-Cola. Ils ont d’ailleurs composé une musique spécialement pour la marque en 2021.
Si vous ne vivez pas dans une grotte, vous avez forcément un jour entendu le Dynamite des garçons, resté 32 semaines au Billboard Hot 100 (un record). C’est avec cette chanson qu’ils se sont réellement fait connaître du grand public en occident, passant d’un groupe un poil niche à quelque chose de plutôt mainstream.
Plus récemment, TikTok a permis de mettre en lumière bon nombre de musiques de K-Pop et beaucoup d’utilisateurs suivent les trends sans savoir d’où viennent ces musiques. Le meilleur exemple, c’est peut-être celui du groupe Fifty Fifty qui, avec son Cupid, inonde les plateformes depuis des mois.
Pourquoi la K-Pop fédère autant ?
Quand on parle de K-Pop, on évoque toujours les fans… Souvent présentés comme des ados hystériques, prêtes à tout pour leurs idoles. On ne peut évidemment pas nier qu’il y a des fans un peu extrêmes, qui attendent les idols aux pieds des hôtels (#harcèlement), mais il y a aussi un noyau dur qui est tout a fait sain d’esprit et qui apprécie les groupes pour ce qu’ils sont : des artistes bourrés talentueux.
Ce qu’il faut comprendre avec la K-Pop, c’est que les labels surfent sur le principe des relations parasociales2. Il existe une application – Weverse – qui permet à nous, les fans, de laisser des messages aux idols. Il y a aussi des lives qui nous permettent d’échanger en direct avec nos chouchous (l’année dernière, on a été 20 millions à regarder un membre de BTS dormir). Les fans du monde entier peuvent donc dîner virtuellement avec Namjoon du groupe BTS ou même passer 2 minutes en facetime (payantes) avec Felix des Stray Kids. On touche du doigt l’un des fondements de la K-Pop : des artistes ultra dévoués à leurs fandoms, qui construisent une vraie relation avec les fans, qui le leur rendent bien. Pendant les concerts par exemple, il n’est pas rare de voir le public faire des surprises aux membres d’un groupe, juste pour le plaisir de leur faire plaisir.
En se montrant une considération mutuelle, la relation idol/fans se solidifie au fil du temps, si bien que les communautés d’inconditionnels de la K-Pop sont parmi les plus fidèles du monde. Et cette puissance peut avoir une influence sur l’actualité. En 2020 par exemple, des Army3 américains ont saboté un meeting de Trump à Tulsa, en réservant des places sans s’y rendre. Dans le même genre, les fans de K-Pop provoquent régulièrement des ruptures de stock : en 2021, Jungkook (BTS) a posté une photo de lui sur un lit. 15 minutes après, le lit IKEA était sold out et l’est resté pendant 3 mois. Pourquoi ? Parce que les fans voulaient le même lit que Jungkook, pour se sentir plus proche de lui. Sous certains aspects, ça peut avoir l’air d’une secte (et ça l’est parfois), mais cette ferveur est assez unique et mérite d’être soulignée.
Ce serait merveilleux s’il n’y avait pas une face sombre à tout ça. On connaît la dureté du quotidien des idols : leurs mouvements sont scrutés en permanence, ils sont tenus de rester minces, beaux, célibataires (parce qu’ils appartiennent à leurs fans), ne doivent pas boire, pas fumer… Leur vie entière doit être dédiée à leur fandom. Si un idol ose aller contre les fans, il aura droit au mieux à une “Black Ocean”4, au pire il sera contraint de quitter le groupe et à disparaître de la vie publique. Vous vous en doutez, la question de la santé mentale n’est pas réellement centrale en Corée du Sud. Ça le devient, mais le chemin est encore long. Sous les paillettes, il y a donc de la souffrance et c’est peut-être ce côté qui dérange le plus dans la K-Pop. Heureusement, certains idols font changer les choses petit à petit et le gouvernement coréen a aussi ajusté le tir : en 2023, une loi a été votée pour protéger les artistes mineurs du travail excessif. C’est pas grand chose, mais c’est déjà un bon début.
La K-pop, un style musical que tout le monde peut apprécier ?
Difficile de trouver un style musical plus versatile que la K-Pop… Vous trouverez toujours quelque chose à votre goût. Prenez BTS par exemple (oui, je suis fan), en 12 ans de carrière, ils ont exploré plein de genres : des balades, du rap pur et dur, du très commercial, du plus niche… De quoi satisfaire tout le monde.
Si vous aimez le boom boom, vous allez adorer Ateez. Si vous aimez la variété, avec un petit “on-ne-sait-quoi” en plus, écoutez Stray Kids. Les Blackpink sont parfaites pour celles et ceux qui aiment du commercial dansant et les nostalgiques du Y2K vont adorer (feu) NewJeans (aujourd’hui NJZ).
En fait, ce qui fait réellement la différence dans la K-Pop, c’est les performances. Rares sont les artistes occidentaux qui arrivent à livrer un spectacle pareil, sans playback (il paraît que les idols s’entraînent à chanter sur des tapis de course pour tenir le rythme des concerts). Il y a quelques performances historiques - genre Idol de BTS aux Mama5 2018.
Le mieux, pour expérimenter la K-Pop, c’est d’aller la voir en live. Le plus compliqué, c’est d’avoir des billets. Mais, si vous n’avez pas envie de dépenser le PIB du Yémen dans une place de concert (et je vous comprends), vous pouvez commencer par cette playlist starter pack K-Pop pour vous familiariser avec le genre. Vous trouverez forcément quelque chose qui vous plaît, j’en suis persuadée.
Avec ça, vous avez un petit aperçu de ce que la K-Pop propose. Le genre est en évolution constante, si bien qu’il est impossible de faire un starter pack complet, la faute à la centaine de groupes lancés chaque année (avec leur propre concept).
Qu’on aime ou pas, il est difficile de nier qu’aujourd’hui, la K-Pop est devenue un genre majeur de la musique, avec des millions de fans à travers le monde – ce n’est pas pour rien que BTS a sold out 2 stades de France en 20 minutes en 2019 (dans les dents Beyonce).
Vous faites peut-être partie des sceptiques, mais qui sait, peut-être qu’un jour vous tomberez sur un groupe qui fera chavirer votre cœur (je n’avais jamais été fan avant de croiser les BTS, depuis, je vis avec sept mecs un peu givrés au quotidien). Qui sait, peut-être qu’un jour vous aussi vous achèterez des places de concert à 300€ pour aller hurler en cœur avec les autres fans.
C’est l’idol des idols, la star ultime de la K-Pop, leader du groupe Big Bang.
Les relations parasociales, c’est ce lien unilatéral qu’un fan entretient avec une célébrité, comme s’il la connaissait personnellement. Dans la K-Pop, c’est amplifié par les interactions directes via Weverse, les lives et les fan calls, renforçant l’illusion d’une proximité intime.
Nom de la communauté des fans de BTS.
Une Black Ocean est un boycott silencieux lors d’un concert, où le public éteint ses lightsticks pour plonger la salle dans le noir. C’est une protestation contre un artiste, souvent liée à une controverse ou à des rivalités entre fandoms. L’un des cas les plus connus est celui de Girls’ Generation en 2008. Aujourd’hui, ce phénomène est plus rare, car perçu comme un manque de respect envers les idols.
Cérémonie qui récompense les artistes musicaux asiatiques.